SOMEONE LIKE YOU.

Habituellement, j’étais quelqu’un de souriant, d’heureux, de gentil. Mais j’avais
aussi mes heures et mes moments sombres. Ces moments, je ne les aimais pas, car ils me rappelaient des choses que je haïssait, des périodes dont le souvenir m’était insupportable. Mais à force, on s’y faisait. Bien sûr, je savais comment remédier à ce genre de coups de blues. Il suffisait d’un verre, bien évidemment. C’est vrai que ça n’était pas raisonnable, mais il n’y avait pas d’intérêt à se forcer à sourire pour paraître heureux.
C’était donc d’un pas traînant que je sortais de chez moi, les lunettes de soleil sur le nez. Je marchais dans les rues de Cupifields avec lassitude. Quelque part, je n’avais pas envie de rentrer complètement bourré. Mon image en train de tituber et marmonner dans les avenues de la ville m’arracha une grimace honteuse. Non, trois verres maximum. Je les dégusterais lentement, ça m’évitera de claquer tout mon argent dans de l’alcool.
Pour une fois que j’étais raisonnable. Je m’étonnais moi-même. Nous n’avions qu’à dire que c’est grâce au coup de blues. J’étais triste et énervé. Parce que je repensais à Juliana. Je lui en voulait terriblement, elle ne méritait pas mes louanges. Mais une part de moi l’appréciait toujours autant. M’enfin, si elle apparaissait à un coin de rue, je ne sais pas comment je réagirais. Partir en courant ou lui sauter au cou ?
Après plusieurs minutes de marche qui me parurent interminable, mes pieds m’avaient mené jusqu’à un bar. Il n’y avait presque personne dedans. Ouf, ce soir, je n’avais pas envie d’entendre les beuglements des soulards. J’entrais et m’installais au comptoir, je commandais une bière. Je ne voulais pas commencer avec un alcool trop fort.
Aujourd’hui, ça devait bien faire quatre mois qu’elle était partie.