Comment l'aborder? Cette unique et même question tournait toujours en boucle dans ma tête, tandis que je faisais pareil- enfermée comme un lion en cage chez Kriss... Chez Kriss... Chez nous devrais-je dire, à présent. Seulement, malgré le fait d'avoir passé mon enfance à ses côtés, je ne me faisais pas encore à la nouvelle situation et tout ce qu'elle entrainait. Je sentais les ennuis à plein nez arriver; or je n'aimais pas cela. Non j'aimais tout contrôler, point. Malheureusement pour moi, Kriss avait toujours eu le don d'échapper à mon contrôle et de m'entrainer sur des terrains où jamais je ne me serais aventurée autrement... Pestant contre mon meilleur ami à cette pensée, je ne pus m'empêcher de m'avouer en moi-même que c'était surement ce qui faisait son charme. Mon meilleur ami, huh? Étions nous encore des amis? Encore ces fichues interrogations... Je ne savais sur quel pieds danser. Soupirant, je finis par me décider à sortir de cette maison. Tourner en rond à l'intérieur ne mènerait à rien de toute manière. Attrapant mon appareil photo au passage, je me dirigea vers la colline où j'avais retrouvé Kriss. Une bonne séance photo me ferait le plus grand bien! La photo avait toujours été, du plus loin que je me souvienne mon moyen de m'évader de la vie et du monde en général. Comme prévu, une heure de photographie intensive du paysage me laissa béate et en pleine forme. Ce sentiment de plénitude, je ne le ressentais qu'avec Kriss ou la photo. En parlant de ce dernier, d'ailleurs, il ne devait pas tarder à rentrer. Or j'avais une furieuse envie de le voir. C'est donc tous mes soucis momentanément oubliés et sur un petit nuage que je redescendis tranquillement de la colline. Malheureusement pour moi, le destin ne voulait pas me voir sourire en cette magnifique journée ensoleillée. En effet, la vie aimait bien me rappeler qu'être sans soucis, ne serait-ce qu'une journée, ce n'était pas fait pour moi. La raison de mon désarroi? Je venais d'apercevoir Allyana de loin. La simple vue de ma jumelle fit monter en moi un mélange d'espoir, de tristesse, mais aussi et surtout de culpabilité. Comment pouvais-je faire ça à ma propre sœur? Résistant pour une énième fois à l'envie d'aller l'aborder ou de la suivre, je me mis à courir en direction de la maison. J'allais mettre un terme à mes agissements avec Kriss, et pas plus tard que tout de suite. Il serait mon meilleur ami et rien de plus. Ainsi, je pourrais ensuite enfin réussir à parler à Lyna la tête haute. Malgré ma résolution, une vague de douleur mêlée à de la nausée, s'abattit sur moi. pourquoi fallait-il que je laisse partir tous ceux qui m'étaient chers? Maman... kriss... Ne me laissant pas le temps de pousser plus loin mon apitoiement sur moi-même, j'entendis quelqu'un me héler. « Excuse moi ! Je crois que tu as fais tomber ceci » Mon cœur rata un battement, tandis que je reconnaissais mon interlocutrice, Allyana. Ma jumelle insoupçonnée me regardait étrangement, comme si elle examinait un être bizarre. Le souffle me manquait. Je ne savais trop quoi dire, quand tout à coup je remarquai la chaine qu'elle me tendait. Portant vivement la main à mon cou, je pus constater que le pendentif de maman n'y était plus... Remerciant Allyana, je repris le pendentif. « Ho! Merci de l'avoir ramassé, ce pendentif compte énormément pour moi!» Ne sachant trop quoi dire, je posa un regard assez gêné sur mes chaussures. C'est fou ce qu'elles pouvaient être devenues intéressantes... Après quelques secondes de silence qui parurent une éternité pour mes pauvres nerfs- prêts à lâcher à tout instant- je me décida enfin à embrayer. « Je m'appelle Nhatye-Jude, et toi tu es...? » Oh bien sur que je savais qui elle était, seulement je n'étais pas encore prête à lui parler.... Non pas maintenant, c'était trop tôt. Et puis la pauvre fille devait me prendre déjà pour assez folle comme cela...