Voilà maintenant près d'une semaine que nous avions emménagés ici, mon mari et moi. Cette idée ne me plaisait pas vraiment je devais l'avouer, mais le seul fait de me retrouver dans la même ville qu'Emeel-John suffisait à me rendre cette idée un peu plus agréable. Je n'avais jamais réellement envisagé de quitter New-York, si, une fois en faite, lorsqu'il y a 11 ans, je sentis la fin des vacances approcher à grands pas, j'envisageai brièvement de m'installer pour de bon à Rosewood. Cela dans le simple et unique but de ne pas quitter mon premier amour. Toutefois, je n'en fis rien, personnes n’en su jamais rien, et après une douloureuse séparation, je redevins la petite fille sage qui obéissait aux moindres désirs de ses parents avant de rentrer à sagement à New-York afin de reprendre le cours de ma vie. Enfin bref, j'étais habituée à ma petite vie tranquille de New-York et la simple idée de devoir partir me terrifiais. J’y avais mes amis, mes occupations, mes magasins préférés, mes habitudes, mes parents, mais aussi de très, très nombreux souvenirs, New-York était une grande ville et cela me plaisais, chaque jour elle semblait différente, tout pouvait y changer très vite, mais vivre à Cupidfileds, une ville dont je ne connaissais rien, m'étais quelque peu étrange.

Depuis mon arrivée ici, j’avais passé mes journées à arranger la villa, rangeant soigneusement chacun des objets que nous avions apportés de New-York. Ce ne fut pas une mince affaire car mon époux n’étant que peu à la maison, je du vider les très nombreux cartons seule. D’une certaine manière, cela m’arrangeais d’être seule car j’avais le temps d’ordonner les pièces comme bon je le voulais, et mon époux comme à sa grande habitude approuvait toutes mes décisions quant à la décoration de notre intérieur. La villa fin prête, mon mari étant encore absent puisqu’il devait régler une énième histoire de financement pour l’entreprise familiale, j’avais ma journée pour moi seule. J’en profitais dès le matin, en prenant le temps de me prélasser quelque peu dans mon lit puis en me préparant bien tranquillement pour sortir, car oui, je devais désormais remplir nos placards de vivres. J’avais repoussé cette échéance depuis bientôt une longue semaine de peur de croiser, une fois en ville, Emeel-John. Car bien que je meure d’envie de le revoir enfin, j’ignorais totalement quelle serait sa réaction en me voyant là. Je ne lui avais pas annoncé mon arrivée dans ma dernière lettre, je ne savais d’ailleurs pas pourquoi, il me manquait, mais maintenant que j’étais dans la même ville que lui, je rechignais à l’idée de le croiser. Pourtant, il était désormais temps de faire des courses, car j’avais tant repoussé cette échéance qu’il n’y avait à présent plus rien à manger. Cela me passerais mon temps et me ferais un peu visiter cette ville dont je ne connaissais rien. Après avoir pris une douche, je préparais mes vêtements. Vu le temps qu’il faisait, j’optais immédiatement pour un jean accompagné d’un top blanc bustier et une simple petite veste. Les cheveux relevés, une simple mèche ondulée tombant dans le creux de mon épaule, j’étais enfin prête pour partir.

Prenant mon sac à main, je quittais la villa et m'aventurais à pied en ville. Mon sens de l'orientation exemplaire me fit probablement faire des détours inutiles, mais je ne m'en rendis compte que lorsque qu'après plus d'une heure de marche je repassais pour la troisième fois dans la même rue. D'accord, je n'avais jamais su me repérer, et hésitant à demander mon chemin, il était fréquent que je me perde. J’avais l’impression d’avoir fais cent fois le tour de la ville pourtant je n’avais exploré qu’une bien mince partie des rues. Jetant un rapide coup d’œil autour de moi à la recherche d’un plan de la ville ou d’une quelle conque information qui me serait utile pour m’orienter, il était clair que je ne laisserais pas tomber ainsi. Je ne demanderais pas mon chemin, j’évitais soigneusement de croiser le regard des personnes m’entourant de peur qu’ils ne comprennent que j’étais perdue et reprenait encore une fois ma route à la recherche d’une rue inexplorée.