« Eurydice… » Sa voix s’élève des ténèbres, comme seule lumière possible. Il a encore un regard d’enfant, un regard qui n’est pas ravagé par notre violence. La violence des hommes, de ces hommes qui recherchent désespérément à calmer leurs tempêtes. Ma tête se tourna vers lui instantanément, et je boutonnais sa chemise que je portais. .
« Tu penses que ça peut marcher ? Tous les deux je veux dire… toi, moi tu penses que c’est possible ? » Une cigarette entre mes lèvres fines était apparue, déjà la fumée vint se mêler à l’air ambiant lourd d’un chaud mois de juin. Ce que je pense ? Je voulais juste oublier, arrêter de penser à ma vie, de penser à lui alors que je savais qu’il ne serait jamais à moi, Arrêter de penser à mon père qui hurler chaque nuit la mort de ma mère, arrêter de pense à cette mère que je n’avais pas assez connu et qui me manquait tant, oublier ma vie de merde qui se profiler à bout de nez. J’haussai les épaules le regard rivé sur ma cigarette.
« Je n’en sais rien Clyde, tu devrais rejoindre ta copine non ? Elle doit t’attendre… » Il s’approcha doucement et me vola un baiser avec un petit sourire que je lui rendis, bien que plus triste que lui, la vie était peut être mal faite, peut être que le sort s’acharnait sur moi mais je savais parfaitement que lui et moi ça ne marcherait pas, pas de cette façon là. J’étais trop volage, trop immature pour m’attacher et il avait une copine depuis presque un an, je ne faisais pas le poids je le savais très bien.
« Sans doute mais je préfère rester avec toi, Eury, Je t’aime tu sais » J’eus un petit sourire car pour l’une des premières fois j’entendais quand il me disait qu’il m’aimait même si je prenais la chose au quatrième degré, simple mesure de protection ? Si vous voulez, j’étais surtout méfiante car je savais qu’il n’allait pas rompre avec elle de si tôt.
« Arrête… Arrête de dire que tu m’aimes, que je suis ta femme et l’une des personnes les plus importante de ta vie, arrête de dire que je suis merveilleuse, arrête ça et tout de suite, je ne suis pas une de tes poufs avec qui tu couches de temps en temps quand je ne peux pas venir, je ne suis pas dupe Clyde, combien de fois tu lui dis à elle que tu l’aimes, mais combien de fois tu viens pleurer chez moi après vos disputes ? » Il s’était arrêté net et n’avait pas broché, moi j’étais stoïque telle une reine des glaces, le visage fermé et les yeux d’un bleu saphir ne laissait pas voir ce grain de folie qui m’habitait habituellement, rien j’étais glacial et insensible j’étais redevenu cette fille sans cœur que je détestais et c’était sa faute.
*
« T’es vraiment trop conne Letford… » Il serrait mon bras bien trop fort pour ma pâle et pour toute réponse je lui frappais la main doucement, signe qu’il devait me lâcher et il était hors de question qu’il continue à me faire la moindre réflexion.
« Conne de quoi hein ? Je ne peux pas m’amuser c’est nouveau ? » La mâchoire serrait je lui tenais tête sans trop de soucis, oui j’avais déconné et je culpabilisais quelque peu, en faite non car finalement je voyais qu’il tenait à moi.
« Avec mon frère jumeau j’aurais préféré que t’évites, tu vois, mais je devrais le savoir après tu n’es qu’une petite pétasse égoïste qui ne pense qu’à son cul n’est ce pas Eurydice ? » Je le regardais, avec un œil amer, rancunier, haineux, prête à exploser. Avec le recul ou si j’avais pu revenir dans le temps j’aurais sans doute tout fait pour pouvoir me taire ne pas ouvrir la bouche et déverser son poison sur lui, réellement j’aurais voulu m’effondrer et pleurer à chaudes larmes, qu’il me prenne dans ses bras et me dise que tout irait bien, qu’il ne le pensait mais le pire, le pire c’était sans doute que je savais parfaitement qu’il pensait ce qu’il disait et c’est ce qui faisait le plus mal comme s’il n’avait pas suffisamment piétiné mon cœur, comme si tout n’était pas suffisant, comme s’il prenait un malin plaisir à vouloir me tuer à petit feu, c’était peut-être ça en définitive, il voulait me voir me détruire sous son sourire dédaigneux. Si mes yeux étaient froids jusqu’à présent ils devinrent glacial et les mots se formèrent malgré moi dans ma bouche dénuée d’expression.
« C’est toi qui dit ça ? Toi ! C’est vrai que question égoïsme tu n’es pas en reste t’es au courant, qui est ce qui vient que quand ça l’arrange et quand sa copine est là hein ? Je suis quoi exactement mise à part ton bouche trou ? Tu fais ce que tu veux je ne t’en tiens pas rigueur mais commence pas à me faire une crise si je prends du bon temps, je ne suis pas ta copine et encore moi à toi, je me suis bien fait comprendre ? » Il me darda d’un regard noir et me tourna le dos, il semblait blessé et j’aurais voulu m’excuser et lui dire que j’étais désolée, réellement je ne voulais pas coucher avec son frère mais quelque chose m’y avait pousser sans que je le veuille réellement, j’étais accro, accro à ces histoires sans lendemain que l’on aimait tous plus ou moins, accro à cette adrénaline enivrante, c’est peut-être pour ça je n’avais jamais voulu m’engager dans n’importe quelle relation, j’étais tout simplement incapable d’être fidèle et sage comme toute les petites amies normales que l’on trouve à chaque coin de rue, non j’étais celle que l’on prenait pour un jour ou deux, une semaine peut-être avant de me laisser, je ne m’en plaignais pas c’est même moi souvent qui y mettais fini par lassitude plus d’autre chose, Clyde était le premier avec lequel je me permettais de rester sans trop savoir pourquoi.
« Parfait Eurydice, on se verra un de ces quatre je suppose… » J’hochai la tête sans un mot et parti de mon coté, ne lui adressant plus un regard.