Kalatzis, Halcyon Cesar

Spoiler:

Les souvenirs, ça fait mal. Surtout les bons.

Quand j'étais enfant je voulais toujours aller à la mer. Cet endroit merveilleux où le ciel marie la terre. J'aimais aller à la plage et me promener pieds nu dans le sable. J'aimais courir, j'aimais rire, j'aimais entendre ma mère me dire de ne pas aller trop loin, j'aimais la voir me sourire ses cheveux dans le vent. J'aimais la mer, j'aimais l'odeur des embruns, j'aimais voir mon père embrasser ma mère pudiquement alors que je faisais le pitre. J'adorais cela à la vérité. C'était mes petit moment à moi, les piques niques sur la plages, le sable qui vient s'incruster dans la salade, les coquillages qu'on ramène et qui après deux semaines se mettent à puer. J'adorais cela, ce que je n'aimais pas, c'était quand mon père me disait d'arrêter de rêvasser, c'était quand tout les deux à tables il me disait de me tenir droit, de cesser d'être un enfant alors que j'en avais tout à fait le droit. J'adorais la mer enfant, c'est triste car je n'y suis jamais allé. Je n'ai jamais couru sur la plage sentant le sable chaud me chatouiller les pieds. Ma mère ne m'a jamais sourie les cheveux dans le vent et je n'ai jamais vu mon père l'embrasser tendrement. A la vérité, je n'ai jamais vécu ça, les vacances en famille, les rires pendant les repas. Je suis né un 24 décembre, à minuit moins une. Après de nombreuses heures de travail ma mère ne sut tenir la distance. C'était soit moi, soit elle, c'est là que le destin est un sacré farceur. Aurait il mieux valu qu'elle survive avec la perte d'un enfant, ou que je naisse avec sur la conscience la mort d'un parent ? Enfin, la mort de mes parents, quand je vois les photos de mon père avant ma naissance, il a une lueur vivace dans ses yeux, aujourd'hui je ne vois plus rien dans son regard dépité. J'ai grandis comme ça, seul au bout de la table de la salle à manger. Ma nounou, Evelyn, a fait de son mieux pour m'éduquer. Elle aimait mon père, elle aimait surtout ma mère et voila qu'elle se retrouvait avec un enfant sur les bras. Un enfant des plus étrange qui plus est. Je ne suis pas comme les autres, j'ai ce petit quelque chose en plus qui me rend à part. Cette lueur terne dans mon regard, ce monde a part que je me suis créé au fond de ma tête. Je ne suis pas comme vous, j'ai juste eu droit à un peu plus de chance, un coup de pouce du hasard. Quand vous entrez dans la vie nu et sans rien, moi j'y suis entré toutes les cartes en mains. Surdoué, enfant au quotient intellectuel plus élevé que la moyenne, utilisez les qualificatifs que vous désirez, à mes yeux je suis juste différent. Juste un peu, j'ai hérité de cette clairvoyance odieuse qui me fait voir le monde autrement que vous. Lorsque vous ne voyez que des possibilités, je vois des réalités. Les limites, je ne les conçois pas, je les connais, je les comprends, mais je ne m'y attarde pas. J'étais un enfant à part, taciturne, toujours la tête dans les nuages les autres n'arrivaient pas à me captiver. A croire qu'ils étaient trop fade pour moi, insipide et sans saveur. Un large sourire aux lèvres je les fixais sans les voir, mon monde se limitait à Evelyn, mon père, mon professeur de musique et les instituteurs de mon école. A part cela, il n'y avait personne. Il n'y a jamais eu personne, ni mère, ni frère, ni soeur, juste la solitude à l'état brut, celle qui vous noue la gorge le soir lorsque comptant les moutons le sommeil ne veut pas venir. Lorsque les ténèbres se font si noir que vous avez peur de ne jamais revoir un jour le soleil. C'était ça ma vie, l'espoir de la lumière tout en restant à jamais dans les ténèbres d'un père qui ne me reconnaissait pas, d'une nounou qui ne me comprenait pas et de professeur qui ne savaient comment s'occuper de moi. A part parmi les masses j'aurai pu m'enfoncer dans les ténèbres au lieu de quoi je me suis agrippé à une main qui me permit d'avancer.

Et si la vie n'est rien d'autre que ce fil ténu qui nous rattache les uns aux autres, le mien était définitivement déficient, fragile et glissant, comme rongé par le sel.

J'avais neuf ans, on venait de me transférer à nouveau d'école, les parents avaient peur de moi alors ils cherchaient à me faire virer. J'étais trop calme, j'étais trop perdu. Rêveur solitaire qui marchait à contre courrant. J'avais fait toutes les écoles des alentours et se résignant mon père m'inscrivit dans l'école de la ville. Mes cheveux toujours en bataille je suscitais toujours des commentaires sur mon passage, est-ce que je les entendais ? Oui, mais je n'y prêtais pas attention, la seule chose qui me mettais mal à l'aise c'était leur regard posé sur moi. Ce jour là était particulier, Evelyn m'avait préparé mes vêtements pour l'école et comme à l'accoutumé je les avais enfilé. Une chemise blanche bien repassé avec un pantalon couleur crème et une veste de la même couleur. Une fois qu'elle m'eu lâché avec mes petits camarades j'avais défait un bouton à ma chemise retrouvant avec joie l'impression de pouvoir respiré. Je me suis assis au rebord d'une fenêtre en déposant mon cartable au sol sans me rendre compte que quelqu'un se trouvait à côté de moi. C'était la première fois que je remarquais quelqu'un, même lorsqu'on s'adressait à moi j'étais du genre à ne pas entendre, à ne pas voir. Toujours à des années lumières de mon corps, à penser à la vie à la mort, à ce qu'on avait découvert ce qu'on ne découvrait jamais. Pourtant je la voyais elle, je la voyais même très bien. Seule, un peu apeuré, quelque chose était différent chez elle. Différent des autres enfants de la ville. Pas à ma manière, personne n'était différent à ma manière, mieux que sa, elle était différente à sa manière et sur le coup sans comprendre comment ni pourquoi j'adorais vraiment cela. « Tu sais comment on divise un nombre premier ? » C'était la première question qui m'était venue à l'esprit, comme si j'espérais qu'elle m'offrirait une réponse à la hauteur de mes espérances. Comme si elle venait d'une autre planète, qu'elle aussi elle se sentait à part, enfermé entre quatre murs avec l'impression de valoir tellement mieux que cela. « Je suis pas trop callé en math, mais je suis sur que toi tu le sais... » Un léger sourire naquit sur mes lèvres pendant que deux filles de ma classe faisaient des commentaires, c'était la première fois que je devais sourire à l'école. Je crois qu'on ne m'avait jamais véritablement apprit à sourire entre l'indifférence de mon père et la douloureuse absence de ma mère. « T'as raison, ça n'a pas d'importance.» Je ne saurais dire si c'était l'éclat vibrant de son regard, cette manière qu'elle avait de se recroqueviller sur elle même, ou bien les nuances de sa fragrance.... mais j'avais pas envie de la laissée là. J'avais pas envie qu'elle ne me voit pas. Je la voyais moi, c'était une des rares, mais je la voyais et tout ce que je voulais c'était qu'elle me voit moi. Alors, sans réfléchir je lui ai tendu la main. Je savais pas son nom, je savais juste qu'elle n'aimait pas les maths, mais le reste je m'en fichais bien, on aurait tout le temps pour le savoir, on prendrait tout le temps qu'il faut pour le savoir.

On devrait interdire l'alcool aux angoissés, ce sont des proies faciles : ils ont la faiblesse de croire, l'espace d'un soir, qu'ils ont droit à leur part de bonheur.

J'aimerai entrer dans la norme. Faire quelque chose dit de "normal" vous voyez ce que je veux dire ? Être comme les autres en gros. J'aimerais jouer au football sans me mettre à penser à la superficie du terrain, sans me dire que ce jeu n'apporte rien au développement ni à l'intelligence de ses participants. J'aimerais pouvoir être juste au milieu. Pas sur une des deux rives. Parce que je n'en peux plus. Parce que c'est épuisant. Je voulais juste être normal, me sentir normal pour une fois. Pas trop petit, ni trop grand. Pas trop peureux, ni trop courageux. Pas trop intelligent, pas trop jeune. Pas trop insolent, ni trop bohème. J'aurais juste aimé savoir ce que c'était d'être assez quelque chose. Pas trop délirant, ni trop marrant. Pas trop froid, pas trop inquiétant. Pas trop beau, ni trop moche. Juste entre les deux. Ne pas être trop attirant, sans être trop intriguant. Pas trop fou, ni trop bagarreur. Pas trop réfractaire, ni trop innovateur. J'aurai aimé être un enfant comme les autres qui dans un lever de soleil voit juste une boule orange illuminé sa journée. Pas un enfant qui se demande à combien de degré la boule de feu, qui se trouve à des milliards de kilomètre, est bouillante. Puis j'ai rencontré Silver. Vous savez ? Non, bien sur que non. Avec elle j'étais pas trop. J'étais juste assez, il m'arrivait même d'être trop peu. Vous savez, pas assez courageux, pas assez fou. J'adorais et j'adore ça. Dépasser mes limites pour me rendre compte de ce que ça fait. Faire l'impossible pour le plaisir de l'avoir trouver. Depuis que e l'ai rencontré j'ai trouvé quelqu'un qui ne me met jamais dans une case. Je suis juste moi, entre le trop et le trop peu. Je ne suis plus trop intelligent, je suis juste très marrant. Je ne suis plus trop grand, je suis juste assez que pour pouvoir lui offrir un sentiment de sécurité. Je suis pas trop froid, je suis chaleureux mais je ne le remarque pas. Je suis pas trop beau, à la vérité je ne le sais pas. Je suis juste assez et vous ne vous rendez pas compte de ce que ça fait de se sentir à sa place, plus seulement isolé dans un coin sans personne pour vous tenir compagnie. Depuis que je lui ai offert ma main ce jour là tout a changé. J'ai l'impression encore parfois de la serré dans la mienne et ça me fait du bien parce que je sais que je ne serai jamais plus trop seul.

Je respire et, dans un souffle, glisse un flot de mots : "Certains évènements sont assez forts pour modifier une personne. La douleur m'a façonnée." Le psy, le visage pas très loin du mien : "Tout sert." Moi : " Le malheur ne sert à rien." Le psy : "Tout dépend de ce que vous en faites."

Vous savez ce qu'est un alcyon ? Un alcyon c'est un de ces grands oiseaux marin qui était porteur de bon présage dans la mythologie grec. Je ne pense pas avoir jamais été porteur de quoique ce soit de bon. A ma naissance, ma mère est morte, par la suite quoique j'ai pu faire mon père ne m'a jamais reconnu. Par la suite j'ai rencontré Silver, la douce Silver, ma Silver. Elle m'a sauvée et à fait plus que ce que je n'ai jamais fait dans notre relation. Toujours là, présence réconfortante qui me permettait d'avancer. Elle me voyait dire blanc pour finir par dire noir sans jamais ciller. Je lui parlais de mes projets pour aussitôt prononcer les abandonné. J'allais faire le tour du monde avec l'argent de mon père, je n'irais pas à l'université, je deviendrais médecin sans frontière, je vais devenir SDF et vivre de la pitié de ce monde, je veux rien faire, j'ai envie de crever, on saute ? Tant de chose que je lui ai soufflé pour me rétracter presque aussitôt. J'en ai fait des conneries avec elle, mes plus belles erreurs qui sont devenu mes plus beaux souvenirs. Des instants figés que je ne remplacerais pour rien au monde. La seule chose qui n'a jamais changé c'est ma passion pour la musique et ma vielle stratocastère. Depuis que je suis enfant je n'ai jamais cessé d'en jouer, avec Poop c'est la deuxième chose qui ne bougera jamais à mes yeux. Le monde est en perpétuel mouvement, autant dans sa rotation que dans son changement. Nos molécules, l'air que nous respirons, tout ce que nous faisons est changement, évolution, régression. Mais ces deux éléments dans ma vie sont figé à jamais dans une case de mon cerveau. Un sanctuaire secret qui leur est réservé. Et le reste du monde ne peut me comprendre, ne peut comprendre pourquoi elle, pourquoi moi, cependant c'est comme ça. Je me jetterais d'un pont pour ma Silver, je roulerais dans un taxi toute la nuit, j'irais manger dans un resto' chic pour m'enfuir sans payer, je piquerais la voiture d'un flic sans me retourner. Peu importait ce qu'elle me demanderait, je le ferai. Et je savais bien qu'à l'opposé il en était autant pour elle. Sauf qu'il semblerait que je sois tombé trop bas, que j'ai fait le pas de trop, que mon mal de vivre n'est pas suffisant que pour l'a voir marcher dans mes pas. Elle ne veut pas toucher à ça et moi je me retrouve seul à consommer pour oublier le reste. La vie, mes regrets, mes erreurs, ma solitude quand elle n'est pas là, oublié cette musique d'enterrement qui vibre toujours en moi. Alors je continue, je m'enfonce dans les ténèbres cherchant à allumer le noir, mais tout ce que je vois c'est le rien à perte de vue. Je m'enfonce sans voir une porte de sortie et en oubliant par où je suis rentré. Puis au final, je le sais bien, je vais me retrouver perdu au coeur de cette ombre sans nom, sans Silver pour venir me sauver et quand cet instant arrivera, même mon intelligence ne me sauvera pas. Parce qu'il est des douleurs qui vous tue et dont on ne se soigne pas.

G. Roxane Carthew a écrit:

GOSH, c'est bien Gaspard sur ton vava ?

En tout cas, ton titre est parfait, et ton prénom.

GOSH! Encoreuncanon!

Bienvenue & bonne chance pour la suite!

Bienvenue parmi nous &' bonne chance !

Oh tiens, un canon en vue ! Bienvenue parmi nous beau brun.